Comment tester de nouvelles solutions pour l’espace public de manière à ce qu’elles soient acceptées par la société ? Comment trouver des utilisations temporaires pour des bâtiments destinés ultérieurement à une nouvelle af- fectation? Comment développer des stratégies pour des zones dont nous ne connaissons pas encore la destination ?
Tels pourraient être les objectifs d’une planification expérimentale: utiliser le facteur temps de manière innovante; essayer aujourd’hui ce qui pourrait devenir définitif demain; se concentrer sur la stratégie et non sur le résultat ; concevoir le processus en ayant conscience que le territoire est soumis à de constantes évolutions; introduire la notion de flexibilité dans un domaine aussi complexe et réglementé que l’aménagement du territoire.
Les instruments de planification existants ne nous permettent pas de réagir de manière suffisamment rapide aux défis actuels. Le monde évolue à toute vitesse, et la crise tant climatique qu’énergétique nous contraint à l’action, même si nous ne sommes pas sûrs de la voie à suivre. Il est donc nécessaire de desserrer le corset des procédures actuelles, régies par des lois et des mécanismes bureaucratiques fastidieux, et auxquelles participent de nom- breuses instances sans que la population n’y soit associée.
Certains changements, notamment en ce qui concerne l’utilisation de l’es- pace public, sont devenus manifestes avec la pandémie, alors qu’ils avaient été initiés avant elle. Nous constatons ainsi que les piétons et les vélos ont conquis de l’espace sur les voitures, ce qui a, en retour, entraîné une nouvelle perception et surtout un nouveau comportement de la société.
De même, nous avons compris que l’aménagement pouvait instaurer des mesures moins contraignantes et non définitives, plus souples et peut-être même moins coûteuses. Pour répondre aux défis actuels, il faut laisser davan- tage de place à l’expérimentation et à la créativité. Les usagers doivent être davantage impliqués et avoir ainsi la possibilité, en quelque sorte, de faire partie du changement.
Nous considérons la Journée FAS ainsi que la présente publication comme une nouvelle contribution de la FAS à notre série portant sur les instruments de promotion de la culture du bâti. Nous sommes convaincus que les procé- dures doivent être conçues de manière telle qu’elles puissent répondre aux besoins de notre époque. L’entretien mené avec les juristes et spécialistes de la construction Patrick Bonzanigo et Oliver Streiff, ainsi que les quatre études de cas présentées ici, enrichissent un débat dont les contours commencent seulement à se dessiner et dont l’évolution est encore ouverte.