Depuis les années 1970, la ville de Lugano n’a cessé de s’étendre par le biais de fusions de communes et couvre aujourd’hui une superficie de 75 km² comptant 66'500 habitants. Le plan directeur communal (PDCom) est la condition préalable à l’uniformisation des 23 plans d’affectation existants, mais il offre surtout l’occasion de renforcer les identités multiples des quartiers de la ville et des villages fusionnés tout
en développant une vision à long terme pour ce territoire hétérogène. C’est à cet effet que Lugano a choisi la voie d’un mandat d’étude parallèle avec mandat complémentaire. En collaboration avec l’équipe sélectionnée de Paola Viganò, le concours a été suivi par une consultation publique très approfondie.
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Visions pour un paysage urbain hétérogène
Interview avec Andrea Felicioni, architecte EPF, directeur du département Urbanisme, environnement et mobilité (Divisione pianificazione, ambiente e mobilità) de la ville de Lugano
La tenue d’un concours à un tel niveau est une chose inhabituelle – peut-être même du jamais vu. Pourquoi avez-vous choisi d’en passer par là ?
Nous sommes confrontés à des tâches considérables qui sont autant de défis à relever presque simultanément. C’est tout d’abord le cas de la révision de la loi sur l’aménagement du territoire, qui exige un développement de l’urbanisation vers l’intérieur. Le canton du Tessin impose par conséquent aux communes d’élaborer un « programma d’azione comunale ». Dans les communes d’une certaine importance, cela peut – sans que cela soit obligatoire – mener à un Piano Direttore comunale (PDcom, plan direc-teur communal). À cela s’ajoute, à Lugano, la fusion de nombreuses communes qui forment la « Nuova Lugano » : la deuxième ville de Suisse en termes de superficie s’étend sur un territoire de 75 kilomètres carrés qui court des rives du lac de Lugano au sommet du Camoghè, à plus de 2’200 mètres d’altitude. Pour nous, l’instrument du concours représentait un moyen idéal de susciter des visions pour cet espace urbain hétérogène tout en obtenant également des propositions concrètes quant aux outils de planification envisageables pour mettre en œuvre la transformation.
À quoi a-t-il fallu s’attacher tout particulièrement pour les préparatifs, par rapport à ce qui peut être le cas dans un concours plus classique, par exemple pour une école ?
En général, le concept spatial d’une école est clair. Ce n’était pas le cas dans notre procédure. Nous avons dû commencer par faire un travail de fond considérable, rassembler des données et du matériel. L’élaboration du programme a véritablement représenté une tâche immense. Il nous a d’abord fallu imaginer nous-mêmes ce que ce nouveau Piano Direttore comunale pourrait bien être pour nous, afin d’être en mesure d’évaluer plus tard les propositions soumises.
Qu’est-ce qui était attendu des équipes ?
Les trois équipes invitées après une préqualification pour le mandat d’étude parallèle avaient deux missions: elles devaient développer une vision territoriale pour le territoire communal très étendu de la Nuova Lugano. À elle seule, cette tâche était déjà très ambitieuse. Ensuite, elles devaient aussi faire des propositions sur la forme à donner à l’instrument du PDcom et sur la manière de l’utiliser. Dans ce domaine, l’équipe gagnante réunie autour de l’urbaniste Paola Viganò a marqué de nombreux points. Elle a en effet pris très au sérieux notre volonté d’ancrer le plan directeur communal dans la politique urbaine et d’en faire l’un de ses trois instruments stratégiques de pilotage.
Qu’est-ce qui a suivi la décision du jury ?
La particularité de cette procédure résidait dans le fait qu’un mandat complémentaire avait été prévu dès le départ. Comme nous le savons tous : le véritable travail commence après le concours. C’est en fait la même chose pour la planification que pour n’importe quel projet de construction. L’équipe de Viganò avait des idées très précises sur le travail de relations publiques à mener et sur la suite de la procé-dure. La ville et l’équipe gagnante ont alors organisé, en collaboration avec l’Istituto Internazionale di Architettura i2a, une consultation approfondie sur plusieurs mois. De grands événements publics ont été organisés au LAC, ainsi que des promenades en différents lieux afin de donner ainsi l’occasion à la population, comme à nous-mêmes, de voir et de ressentir ces espaces fonctionnels dans une nouvelle perspective. Sans oublier une exposition qui présentait les trois contributions au mandat d’étude paral-lèle et la tenue de différents ateliers thématiques avec des spécialistes. À l’été 2023, l’administration a ensuite confié le dossier au personnel politique, qui doit à présent en débattre et statuer.